La quête de la paix et du développement durable sont au centre d’intérêt commun qui lie l’université de Bangui et le ROSCA-GD. Dans cette optique, une Conférence Débat a été organisé le Samedi 29 Juin 2024 à l’amphithéâtre Alphonse BLAGUE sur le thème : l’exploration des ressources culturelles de résilience centrafricaine pour la bonne gouvernance, la paix et le développement. Piloté par un comité chargé d’organiser des conférences débats à fin d’édifier le public centrafricain sur tous les aspects de la vie en société, cette conférence a permis au public mobilisé pour la circonstance à s’interroger sur la problématique suivante : est-ce que la RCA est-elle condamnée à vivre continuellement dans la mauvaise gouvernance ? Une question centrale qui a enrichi le débat sur l’importance de la culture et de la résilience dans le processus de la reconstruction de la paix et l’accélération du développement socioéconomique en RCA.
L’université de Bangui étant le temple du savoir et le ROSCA-GD défenseur des droits Humains et de la bonne gouvernance ont signé une convention de coopération depuis 2022 ce qui leur permet d’organiser régulièrement via un comité de pilotage des conférences débats pour permettre au public de partager des connaissances sur le plan scientifique susceptibles de contribuer à la construction d’une paix et d’un développement durable en République centrafricaine.
Rappelons que cette initiative n’est pas ex-nihilo : la République centrafricaine, depuis son indépendance, à cause des crises récurrentes et persistantes découlant des tensions politiques, est habituellement perçue par certains observateurs aussi bien nationaux qu’internationaux comme un pays fragile et en proie aux conflits militaro-politiques, aux conséquences sociales et économiques désastreuses. Aussi, s’avère –t-il important de rechercher des éléments de solutions par le dialogue, les échanges de haut niveau scientifique comme l’organisation des conférences traitant d’une telle problématique à l’université de Bangui.
La conférence débat du Samedi 29 juin à l’Amphithéâtre Alphonse BLAGUE à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, a été présentée par Dr Louis BAINILAGO enseignant- chercheur à l’université de Bangui. Cette conférence très animée, comprenait des invités émanant des partis politiques, des organisations de la société civile de Centrafrique, des étudiants et enseignants chercheurs et des professionnels des médias qui y ont massivement participé.
Dans sa communication le conférencier a fait une analyse approfondie des comportements des dirigeants centrafricains et des régimes politiques. Il a insisté sur la mauvaise gouvernance des ressources culturelles et traditionnelles qui devraient être exploiter de manière consciente et efficiente au profit de la population et dans le processus de la construction de la paix et le développement durable.
Le communicateur a axé son intervention sur deux points : premièrement il a dressé un tableau sombre de la gouvernance dans ce pays tout en dégageant les pratiques de la mal gouvernance depuis le régime de Bokassa jusqu’au régime de l’actuel président Faustin Archange Touadera ; en second lieu il a proposé des pistes de solutions pour endiguer la mal gouvernance tout en explorant les différentes ressources culturelles de résilience.
Le communicateur a relevé dans son premier point les caractéristiques de la mal gouvernance de tous les régimes qui se sont succédés à la magistrature suprême de la RCA. Pour lui, chaque régime à un slogan ou un mot fort allant dans le sens du respect des droits de l’homme et de la justice, mais au fond ce ne sont que des slogans et des mots qui trompent et qui soumettent le peuple à la tyrannie. Pour Bokassa c’est « l’heure de la justice à sonner » ; pour Kolingba « on ne tourne pas le dos à la jeunesse », pour Patassé « il est le président de tous les centrafricains, Bozizé se dit un grand libérateur et son slogan c’est le « kwa na kwa », Djotodja incriminait l’injustice et la mauvaise gouvernance, Sambapanza se voulait une présidente de rassemblement et de l’unité nationale et enfin Touadera « c’est l’impunité zéro ». Il a conclu que tous ces régimes n’ont qu’un dénominateur commun, à savoir : le tribalisme, la gabegie économique, le népotisme, les tueries et assassinats l’ineffectivité des lois . Un autre aspect de la mauvaise gouvernance qu’a mis en exergue le communicateur c’est la tendance à considérer l’adversaire politique comme l’incarnation du mal qui s’abat sur la société, tout en se déculpabilisant complètement. Par exemple si la RCA est encore sous développée c’est la faute à BOKASSA et les autres…
Dans un second point le communicateur a proposé des pistes de solutions pouvant aider les centrafricains à remédier à la mal gouvernance. Pour lui, nous pouvons explorer les valeurs culturelles de la RCA telles qu’elles se dégagent de certains contes, proverbes, de l’éducation traditionnelle ou des rites d’initiations à la citoyenneté et à la responsabilité individuelle et collective. Il s’est appuyé sur deux proverbes dont l’un indexe la fourberie des gouvernants politiques qu’il s’agit désormais de dépasser par une posture politique auréolée d’un haut esprit d’honnêteté et de sincérité sans ambages, et dont l’autre met l’accent sur les nécessités de trouver des solutions idoines adaptés aux réalités expérimentées au lieu de faire du copier-coller des solutions inadaptées par rapport aux réalités vécues chez nous. De tels recours aux ressources culturelles de résilience centrafricaine peuvent tendre à la pratique d’une bonne gouvernance en Centrafrique.
Cette conférence a suscité beaucoup de débats enrichissants à travers les questions multiples des participants et les réponses du conférencier.
Le conférencier a conclu qu’« ’il n’y a pas de culture de violence indécrottable en Centrafrique, toutefois, il y a des comportements antis sociaux qui sont instrumentalisés par les dirigeants politiques ». Les éléments culturels de résilience évoqués ci-hauts peuvent contribuer à endiguer la mauvaise gouvernance en RCA. Cette communication sur l’exploration des ressources culturelles de résilience centrafricaine est très enrichissante. Partant, le ROSCA-GD et l’Université de Bangui envisagent étendre de telles conférences sur toute l’étendue du territoire national dans les prochaines années afin de donner la possibilité aux centrafricains de toutes les régions d’apporter leur contribution au développement de la RCA.
Le chargé de communication
NDEKEBAI Meschack